Le cratère de Maragua #UnexpectedHighlight
Un détour en entraînant un autre (un oubli d'affaires dans la jungle surtout >< ), me voici à Sucre, toujours en Bolivie donc. A peine le temps d'arriver, que me voici déjà parti pour une bonne randonnée de derrière les fagots comme je les aime.
Explications sur le pourquoi du comment dans la vidéo suivante =)
Je pars donc sans réelle feuille de route depuis Chataquila, et sans avoir aucune idée des paysages que je vais découvrir. Le début de la randonnée annonce déjà la couleur (et c'est le cas de le dire) car au fur et à mesure de ma descente sur ce sentier pré-hispanique, je découvre des paysages rougeoyants et des collines aux formes surprenantes. Les différentes strates apparaissent clairement (peut être pas autant sur les photos), mais contrairement à ce que j'ai déjà vu, les strates ont une forme arrondie, suivant parfaitement la forme de la colline. Le paysage est tout simplement majestueux.
Après avoir fini ce sentier, je prends ma pause déjeuner à Chaunaca, en me demandant où peut bien être le sentier suivant. Les explications peu précises d'une bolivienne me laissent un peu perplexe, mais en entamant la marche, une jeep contenant un groupe de "vrais" touristes s'arrête à mon niveau et me propose de me déposer au départ du sentier. Mouahahah =)
D'après les informations que j'ai, je suis censé suivre le même chemin que la jeep. Mais le guide me parle d'un itinéraire alternatif plus plaisant à pied, et en plus il passe par une cascade... Bon bah! On va y aller alors! Le problème c'est que le guide est un moulin à parole et qu'il me bombarde d'informations, dont je ne comprends que la moitié. Quand j'essaie de recentrer sur les choses essentielles, il repart de plus belle avec encore plus d'informations... Bon ok j'ai compris, merci merci, allez j'y vais hein! Un pont, et une cascade, et puis blablabla ^^
En chemin, je rattrape 2 boliviennes chargées comme des mules (comme la plupart des boliviennes) et en prime un gosse chacune sur le dos. Je les accompagne en portant un de leur sac jusqu'au fameux pont, puis je m'arrête juste après car je n'arrive pas à me rappeler ce que je dois faire. Gauche ou droite? ^^
D'après mon plan, c'est à gauche. D'après une vieille fermière locale un peu folle, c'est à droite. D'après le guide... impossible de me rappeler >< Je sors mon lonely planet et compare les cartes. Elles sont totalement en désaccord, et le lonely planet est complètement à l'ouest par rapport au sentier que je viens d'emprunter. Impossible de faire confiance aux 2 plans dont je dispose, donc je choisis d'écouter la vieille (aussi parceque le chemin qu'elle m'indique longe un cours d'eau qui va jusqu'au cratère d'après les 2 plans).
Bingo, j'arrive à la fameuse cascade. Par contre le chemin qui y mène était inexistant, j'ai presque du marcher dans l'eau...
L'eau est complètement calcaire donc j'hésites à y aller, puis finalement je me lance. Honnêtement je crois qu'il s'agit de la meilleure douche de ma vie. Pile la bonne température, un massage par l'eau, vraiment parfait. Mais je ne peux pas m'attarder car je n'ai aucune idée de ce qu'il me reste à faire.
Je reviens sur mes pas pour essayer de trouver le sentier, puis je m'y engage. Je jette un oeil à la boussole, pour l'instant ce n'est vraiment pas bon, mais je prie pour que le sentier vire à gauche plus tard ^^
Durant tout ce chemin, je n'aperçois jamais les montagnes qui forment le cratère. Le "sentier" se divise constamment pour mener parfois à des habitations lointaines, parfois à des cul de sac.
Du coup je me fie uniquement à la boussole. C'est la première fois que je randonne de cette façon. Je n'ai jamais été aussi paumé, mais bon globalement je sais où je dois aller. Je ne sais juste pas combien de temps il me faudra, ni si je choisis l'itinéraire optimal, à cause du fait qu'il est impossible de voir l'objectif pour le moment.
Le peu de gens que je rencontre sont d'une aide plus que limitée. Ils ont tous l'air un peu fou, ils ne comprennent pas un mot de ce que je raconte, et c'est réciproque. Franchement c'est hyper frustrant, c'est bien la peine de parler espagnol! Honnêtement je me rassure toujours en me disant que je peux demander mon chemin, pourtant dans les collines, les gens sont gentils mais tarés et ils parlent quechua. Bon! Je n'ai plus qu'à compter que sur moi même.
Pour vous donner une idée du type de chemin que j'ai du prendre, jetez un oeil sur les photos suivantes ;)
Les traces de pied sur le passage font une largeur de 10cm, pas plus ^^
J'arrive finalement à destination vers 17h, et là, bwarf, grosse claque, et je suis désolé, mais je pense que ni les photos, ni la vidéo suivante ne vous permettront de voir le paysage tel que je l'ai vu. La luminosité joue beaucoup et mon téléphone a ses limites.
Je trouve un lit dans une "auberge" (l'habitant gère une maisonnette avec 2 chambres qu'il loue aux touristes). Voici quelques clichés pris le soir, et le lendemain matin.
Le début du 2ème jour est encore plus chaotique que la fin du premier. Il mêle à la fois sentiers, coupe à travers champs car je ne vais pas dans la bonne direction, chemins d'habitations, dialogue avec les locaux qui veulent me montrer leur broderie, franchissement de ravines, etc.. Encore une fois j'ai les yeux rivés sur la boussole et l'horizon.
J'arrive à proximité de Niñu Mayu, un site où je suis censé voir des empreintes de dinosaure. Il faut slalommer encore une fois entre les chemins d'habitations. Je ne sais pas comment vous les décrire, mais imaginez des petites maisons entourées de terres cultivées, tout ca dans un paysage où 2 maisons peuvent être séparées par un fossé de 10m.
Puis j'arrive à la maison du guide, qui m'emmène voir les fossiles. Ca m'évite de perdre trop de temps à les chercher moi même car je commence à fatiguer et je dois finir ma rando avant 14h si je veux choper le dernier bus pour Sucre.
15 minutes après avoir quitté Niñu Mayu, les paysages redeviennent incroyablement rouges. Après m'être paumé encore 2-3 fois, puis réfléchi 5 minutes sur la meilleure direction à suivre en prenant une pause, j'arrive à Potolo. Je suis largement en avance, mais un mini bus passe une demi heure plus tard et me ramène à Sucre.
Bilan de la mission : j'ai découvert un site grandiose par moi même. Encore une fois, le fait de le mériter change tout. On apprécie beaucoup mieux les paysages que quand on vient en jeep et qu'on fait tout en une journée sans se bouger les fesses! Bon c'était quand même particulièrement pénible pour venir, trouver les sentiers, et repartir, mais pas impossible. C'est juste très très contraignant, et il ne faut pas espérer trouver plus d'info que ce que j'avais car même les cartes topographiques datent de 60 ans...
Ce paysage prend la première place dans mon voyage, devant Hatun Machay (désoléééé) et l'enclavement du Machu Picchu. C'est dire! Je ne pensais pas qu'il serait possible de détrôner Hatun Machay, sauf peut être le Salar de Uyuni que je ferai bientôt.
Je repense à Louis qui me disait "Quoiiiii? tu vas pas en Bolivie? Franchement si tu vas au Pérou puis au Chili tu devrais vraiment y passer". Et bien voilà, Louis, si tu lis l'article, saches que la Bolivie m'a retenu beaucoup plus longtemps que prévu, et que c'est pas plus mal!